In Vain - Mantra (2010)

publié par Warrior of Light le 22 septembre 2010

Après un premier album aux relents de génie, le combo norvégien d’In Vain avait un sacré défi à relever : faire mieux que le précédent.
Et je vous rassure tout de suite, c’est chose faite.


InVainMantra2010.img {JPEG} Plus mûr, plus cohérent, épuré des imperfections qui lestaient leur premier opus, ce nouvel album confirme tout le potentiel de ce groupe qui, je pense, n’a pas fini de faire parler de lui.

C’est au terme d’une courte introduction à la guitare acoustique, brutalement interrompue par la voix déchirante du chanteur Andreas Flagstad que le décor de l’excellent « Captivating solitude » est planté. Ce premier et probablement meilleur morceau de l’album donne tout de suite le ton et témoigne de la complexité des compositions du groupe, et de la richesse de leurs influences.
« Captivating solitude » est donc un morceau sombre et relativement violent, bien que très mélodique. L’influence du « black metal » est très présente, notamment dans le chant guttural de Flagstad, mais les influences « black » s’estompent peu à peu pour finir par pratiquement disparaitre lors du refrain qui, porté par des voix claires, amène un peu de légèreté. « Captivating solitude » est donc un titre redoutablement efficace qu’on ne se lasse pas d’écouter.

« Mannefall » est le deuxième morceau de cet album et certainement le plus mauvais. Trop long et surtout trop lent à démarrer, les orchestrations et l’interprétation sont comme d’habitude de qualité, mais, force est de constater que les deux premier tiers de la chanson sont ennuyeux et manquent cruellement d’imagination. Ce n’est que sur la fin du morceau qu’In Vain semble se réveiller et nous fait étalage des qualités auxquelles le groupe nous avait habitués.

S’ensuit le très surprenant « Ain’t no lovin’ », morceau de blues acoustique que l’on croirait chanté par un vieil homme noir, sous le porche de sa maison en ruine, bordant un bayou de Louisiane. Ce blues est chargé d’introduire le morceau suivant et permet par ailleurs à l’auditeur de respirer un peu. Il contribue aussi à nous prouver qu’ « In Vain » à plus d’une corde à son arc et a un champ d’influences aussi étendu que varié.

« On the banks of the Mississippi », comme l’indique son titre, nous emmène en ballade sur les rives boueuses du fleuve Mississippi un jour de pluie et nous dépeint le portrait de trois personnes, « trois destins dans un monde cruel » scande le refrain. « On the banks of the Mississippi » est un titre lent et désabusé laissant la part belle aux voix claires et aux mélodies mélancoliques, toutefois, sur la fin, une note d’espoir semble venir illuminer ces poisseuses ténèbres. En effet, il se termine sur ces paroles : « Another day will come, when you lay burdens down » (Un jour viendra ou tu déposeras tes fardeaux à terre).

« Dark prophets and black hearts », cinquième titre de cet album, est un morceau puisant ses influences dans le hardcore et le death metal, le texte nous dépeint notre monde, sous son côté le plus laid et le moins enjoué. Mais In Vain ne se complaît pas dans l’apathie et nous exhorte à nous unir et à faire front commun pour combattre les maux frappants l’humanité. La piste se construit en deux parties : la première, où les riffs brutaux côtoient une voix growl et puissante, et la seconde, musicale, avec un magnifique passage acoustique. En somme, il s’agit d’un excellent morceau, aussi puissant qu’entrainant que nous offre le groupe, une perle de plus sur ce magnifique Mantra.

Dans son premier album déjà, in Vain témoignait de son affection pour la culture amérindienne en dédiant un de ses morceaux aux peuples natifs d’Amérique. Et il a choisi, pour cet album, de remettre le couvert avec le mystique « Wayakin (the guardian spirit of the Nez-Percés) ».
Des rythmique hypnotiques, un chant aux sonorités chamaniques, un texte parlant de la relation de ces indiens avec la nature, de notre éloignement avec cette dernière et de ses conséquences. Notons aussi la présence de Gil Silverbird sur ce morceau, musicien apache, accompagnant le groupe aux flûtes indiennes et prêtant sa voix pour l’introduction ainsi que la conclusion du morceau. Je gage que ce morceau surprendra plus d’un auditeur, mais à mon goût, c’est une tentative audacieuse et réussie, qui plus est brillamment interprétée, que nous livre In Vain.

Le groupe enchaine sur « Circle of agony », portrait d’une humanité, malade et gangrenée, rongée par la complaisance et l’autosatisfaction. Ajoutez à ceci un accompagnement black metal aussi brutal que mélodique, conduisant le chant guttural de Flagstad plus désabusé et déchiré que jamais, dans les tréfonds les plus sombres de l’âme humaine. Le titre se termine sur un passage acoustique aux ambiances oniriques et mélancoliques.

Puis survient « Sombre fall, burdened winter », piste alternant passages acoustiques et riffs épiques et ayant comme lourde tâche de nous démontrer que, même si parfois tout semble perdu, qu’il y a toujours des raisons d’espérer, qu’il nous faut tenir le coup et ne pas se laisser abattre. On notera la présence d’une trompette, dans un passage nous rappelant certaines compositions d’Ennio Morricone.

L’album se conclut sur un duo folk masculin et féminin, accompagné à la guitare acoustique, qui aurait très bien pu être interprété par Johnny Cash ou Bob Dylan à une autre époque.

In Vain signe donc un très grand album et confirme son potentiel. Si les titres proposés sont tous très différents, l’ensemble reste cohérent. La qualité des compositions est excellente, tout comme l’orchestration, l’interprétation et les textes des différents morceaux. Mantra est un des albums incontournables sortis cette année, à mettre entre les mains de tous les amateurs du genre. Mais bon sang, qu’est-ce que les albums d’In Vain sont durs à chroniquer !

Myspace du groupe


Imprimer ce document