Dynasty (Juillet 2013)

publié par Aifix le 1er octobre 2013

Musicalement et textuellement, Dynasty est un groupe rentre-dedans. Mais qu’en est-il de la personnalité de ses musiciens ? Tentons d’y répondre avec cette interview. Au programme : musique (hardcore mais pas que), foi chrétienne, look, projets futurs du groupe... Tout y passe. J’ai eu la chance de rencontrer le groupe juste après leur set au Nitty Gritty Fest en juillet dernier en Californie. J’ai eu du plaisir à discuter avec les cinq gaillards et j’espère que vous pourrez saisir la spontanéité et l’énergie des échanges que nous avons eus.


Dynasty-band

(De gauche à droite sur la photo : Ruben, Nick, Joel, Ivan, Marcel.)

Ma première question c’est : quand est-ce que le groupe a débuté ?

Joel : 2005. Donc c’était il y a combien de temps ça ? 20 ans ? (rires)

Comment c’est arrivé ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter le groupe ?

Joel : Juste s’amuser pour être honnête... On allait à des concerts et on s’est dit « pourquoi pas faire notre propre groupe ? » . A notre premier concert on avait qu’une seule composition et le reste c’était de reprises de metal et hardcore. On jouait du Comeback Kid, Animosity, Point Of Recognition...

Comment qualifieriez-vous la musique que vous jouez aujourd’hui ?

Ivan : Cet album qu’on vient de sortir... c’est en fait la première fois qu’on a pris le temps de s’asseoir et d’écrire. Parce que le précédent disque c’était surtout des vieilles chansons qu’on n’aimait pas vraiment... Je veux dire, il y avait des bons titres mais on était juste un peu fatigués de les jouer. Mais ce nouvel album, Beyond Measure, j’ai l’impression que pour l’instant c’est le meilleur truc qu’on ait fait. Surtout parce qu’on a tous travaillé ensemble et qu’on a pris le temps pour ça. Surtout parce que Nick est un nouveau membre dans le groupe. On eu un petit changement de line-up et... je crois que ça marche plutôt bien !

Ok. Désolé, j’ai peut être pas été assez clair. Je voulais dire, comment définiriez vous votre musique ?

Ruben : Maintenant il est là « Ok, je supprime ça. » (rires)

Nick : Je veux bien définir si vous voulez... Je sais pas, j’ai l’impression que le message c’est... Un groupe chrétien qui veut rejoindre les kids que l’Église va pas forcément voir et je crois que... La question c’était comment définir la musique qu’on joue ? Je dirais que c’est clairement une porte d’entrée pour les personnes de la scène. Je crois que notre musique est un outil, utilisé par Dieu, à travers nous.

Ivan : Oui et je crois que notre musique, de par son côté très passionné, est l’illustration du message qu’on essaye de faire passer. Parce que les kids s’identifient à la passion et l’agression que le hardcore propose. Et Joel, dans ses paroles, c’est ce qu’il tente de montrer aux gens. Du style, « tu peux être passionné à propos de ta foi, donc sors de chez toi et annonce  ».

Marcel : Sur un un plan pratique, la définition de ce qu’on joue c’est juste du hardcore.

Ouais c’est ce que me répondent la plupart des groupes que j’interviewe !

(rire général)

Marcel : Ouais, ce n’est pas du metalcore, ce n’est pas du « old school », c’est juste du hardcore. Je déteste quand les gens disent « old school »...

Ok donc la prochaine question c’est : vous êtes sur Facedown Records, qui est un label assez connu, comment vous vous êtes retrouvés chez eux ?

Joel : Ah, c’est une bonne question ça mec... Alors avant d’être signés chez eux, au départ, on avait écrit quelques chansons... c’était d’ailleurs juste au moment où le groupe est devenu chrétien, tu vois... On n’avait jamais vraiment eu de paroles chrétiennes. Donc on s’est dit « mec, écrivons un titre avec des nouvelles paroles, comme un groupe chrétien, et regardons ce que ça donne, si ça ne nous convient pas, on arrête... ». Et c’était en 2009. On a fait ce titre et j’ai eu comme une vision. Je me voyais jouer sur scène au Facedown Fest. Et ça a pris une autre année et demie, mais on s’est retrouvés assez rapidement à jouer là-bas ! C’était en 2010, quand l’album est sorti. Jason (ndlr : Jason Dunn, propriétaire de Facedown Records) a aimé notre musique, il a aimé notre son. Parce qu’il y avait pas beaucoup de groupes de hardcore qui faisaient ça... En tout cas, pas beaucoup de chrétiens jouant du hardcore. Tu vois, il y avait un manque à ce niveau-là. Donc Jason a adoré ça et... Mec, c’est une bénédiction car on a pu jouer au Facedown Fest, ce qui était dingue parce que c’était le dernier jour, c’était au Glasshouse, c’était géant... On s’est retrouvé à faire notre premier Facedown Fest en face de 900 personnes. C’était fou.

Ivan : Ouasi, on a joué la nuit ou For Today jouait pour la dernière fois au Facedown Fest donc tout le monde était la !

Joel : Ouais, c’était juste plein !

Ivan : Mais au moment ou on a joué, il y avait pas mal de monde dehors...

Oui je crois que j’ai vu une vidéo de ce concert...

Joel : Personne savait qui on était ! Au départ, les gens bougeaient juste la tête au rythme de la musique...

Ivan : Ouais, c’était un peu bizarre au début car ils nous avaient pas entendu avant cela... Et je crois qu’on venait à peine de sortir notre disque à ce moment-là. Peut-être juste avant cela... Donc, on était toujours une « nouveauté ». Donc quand on a joué, les gens découvraient, essayaient de rentrer dedans... On a eu des bons retours.

Oui, surtout que vous avez repris un titre des Beastie Boys, pas vrai ? J’imagine que les gens étaient assez surpris ?

Ivan : Ouais (rires).

Joel : Parce qu’il sont habitués au metalcore et...

Oui j’ai une question à propos de ça d’ailleurs...

Joel : Vas-y...

Alors à propos du metalcore, c’est : pas mal de groupes chrétiens jouent du metalcore aujourd’hui. Est-ce que vous regrettez l’époque de No Innocent Victim, Figure Four,... Et, pourquoi selon vous, il y a autant de kids chrétiens qui choisissent ce style ?

Joel : Je pense que le metalcore, pour être honnête, c’est probablement plus facile à écouter. Parfois c’est un peu comme un intermédiaire pour allez vers le hardcore. Si les gens se mettent dans le metalcore... Je vais pas mentir, j’aime For Today. Je dois leur reconnaître qu’ils ont fait du bon boulot. Après, les groupes, j’imagine que c’est plus... Le style, et le look, tout est plus « attirant ». Et je pense que c’est pour ça que les gens... Surtout avec le chant, et les breakdowns... C’est facile pour les kids. C’est comme une transition de la radio pour ensuite allez vers quelque chose de plus underground. Mais, après quand ils trouvent du hardcore... Mec, ils vont adorer ça. Le hardcore, c’est génial. Juste des tas de stage diving de tarés, des sing alongs, c’est très personnel, très « dans ta face »... Il y a rien de pareil, pour être honnête. Le metalcore ? Désolé mon pote, ça ne peut pas battre le hardcore. (rires)

Ruben : Il aime certains groupes de metalcore !

Marcel : Sleeping Giant, mec...

Joel : Ouais, parce que j’adore Sleeping Giant.

Ivan : Ce sont des bons potes.

Joel : Ouais. On est aussi potes avec les mecs de Winds Of Plagues, For Today...

Ivan : Et c’est vraiment énorme aujourd’hui, y a tout un marché...

Joel : Ouais, ça fait vendre...

Ivan : Ouais, si tu regarde la programmation du Warped Tour, avant il y avait des groupes de punk rock, des groupes de ska et ici et la des groupes de metal... Mais maintenant c’est A Day To Remember, Winds Of Plagues, Stick To Your Guns...

Marcel : Genre ma femme, elle a écouté For Today l’autre jour et elle était là « oh j’aime bien ça ! » (rires) Alors qu’elle n’aime pas le hardcore. Je lui ferais écouter Terror elle ferait « beurk... » tu vois c’que j’veux dire ? (rires) Parce que c’est dur à écouter...

Ivan : Ouais et le metalcore, je veux dire... Qui déteste vraiment ça ici ? Animosity, Falling Cycle, Sinai Beach...

Ah ouais c’était une bonne époque ça !

Joel : Tu vois ! Ça nous parlait aussi à l’époque, et puis on a commencé à écouter Comeback Kid et puis des vrais trucs de hardcore. Enfin, ce n’est pas que c’est plus vrai mais...

Je vois ce que tu veux dire ! Des trucs plus radicaux, plus passionnés... Une autre question, est-ce que vous vous considérez comme un groupe de hardcore chrétien ou un groupe de hardcore avec des paroles parlant de la spiritualité chrétienne ?

Marcel : Ah, c’est une bonne question, j’aime ça...

Joel : Pour moi... c’est un groupe de hardcore chrétien. Je sais qu’il y a toutes ces discussions où les gens débattent, et les positions vont et viennent... Et il y a ces gens qui disent « Oh on est juste des chrétiens dans un groupe de hardcore » et ils ne veulent pas exprimer leur foi, ils ne veulent pas exprimer leur amour pour Jésus... Mais on doit témoigner de ce que Dieu a fait dans nos vies ! C’est un peu comme s’ils avaient honte de ça ou s’ils avaient peur... Donc, on n’a pas honte, on est juste... Mec, on n’est pas là pour devenir connus, ou pour l’argent... A moins que Dieu le veuille vraiment mais... (rires) Tu vois c’que j’veux dire ? On est juste un groupe de hardcore chrétien, ouais.

Marcel : ...Et des chrétiens dans un groupe de hardcore chrétien. Parce que tu as des groupes appelés « groupes chrétiens » qui n’ont même pas de membres chrétiens. Tu vois c’que j’veux dire ? Genre, Joel, il a des photos sur son téléphone...

Joel : Pas des photos de moi ! (rires)

Marcel : Pas lui !

Joel : Non c’était ce gars, qui était dans un groupe chrétien et il a été vu avec de l’herbe, des filles... Donc c’est un peu...

Ruben : C’est quoi cette histoire (rires)...

Marcel : C’est juste que Joel m’a parlé de ce gars et de photos qu’il a vues sur Instagram.

Ah d’accord. Évidemment, en faisant des interviews et en rencontrant pas mal de groupes chrétiens, parfois je suis un peu déçu. C’est pareil que toi, je donnerais pas de noms mais malheureusement il est possible qu’on pense aux mêmes personnes...

Joel : C’est ça le truc. C’est décourageant, mec ! Parce que t’es là... Tu veux pas calomnier mais t’es juste déçu...

Oui, c’est clair. Mais c’est aussi ce que ma précédente question suggérait. Avec le metalcore. En interviewant ce type de groupes, parfois je suis un peu déçu... Bref, assez parlé du metalcore ! (rires) Est-ce que vous avez déjà eu l’impression d’être mis à l’écart ou discriminé à cause de votre foi en Dieu dans la scène hardcore ?

Joel : Oui.

Vraiment ?

Joel : Tout le temps, oui.

Ruben : Le truc c’est... Je sais pas si c’est peut-être juste moi qui est... paranoïaque ou qui le ressens comme ça, mais on nous programme pas tant que ça pour jouer en concerts. Et je pense que c’est parce que les gens connaissent nos convictions, ils savent ce qu’on dit sur scène, ce que Joel dit sur scène. Et... Et pas mal de gens dans le hardcore n’aiment pas ça. Je veux dire, ils veulent ça... C’est ça le truc, ils ont besoin de ça, ils veulent ça, mais quand Joel est debout devant eux... C’est comme quelque chose qu’ils ont pas envie d’entendre. Et c’est pour ça qu’ils vont pas nous demander de jouer. On fait quand même des concerts mais pas de véritables festivals par exemple.

Ok...

Ruben : Je suis pas en train d’essayer de critiquer les festivals où on joue déjà (rires) mais je voulais dire, des festivals de hardcore plus authentiques.

Ivan : On a eu des opportunités de jouer avec des groupes séculiers tu sais...

Joel : C’est ce qu’on essaye de faire le plus.

Ivan : Ouais...

Comme demain avec Lionheart par exemple ?

Ivan : Ouais. C’est marrant parce que même si c’est un groupe chrétien, il y a plein de groupes séculiers, ou de membres de ces groupes, qui viennent nous parler, du style... Je veux dire... Ça te fait comprendre que même si ils vont pas forcément dire « Oh c’est un groupe chrétien », ils ressentent quand même quelque chose de particulier par rapport à nous, juste par rapport à la façon dont on leur parle, tu sais. Parce qu’on n’est pas là, tout le temps vulgaires ou à essayer de parler de trucs négatifs. Ce n’est pas notre truc, tu vois ? On leur montre qu’on est juste des gens très humbles et très à l’aise... Et je crois que cela, ça parle pour nous.

Ok. Quel serait le groupe avec lequel vous voudriez jouer si vous aviez à choisir ?

Joel : Présent ou passé ?

N’importe !

Ivan : Tout le monde en a un différent...

Marcel : The Beatles...

(rire général)

Est-ce que Marcel vient juste de dire The Beatles ?

Joel : Ok en hardcore ? Si c’était aujourd’hui je dirais Terror, Hatebreed... Et peut-être pour revenir dans le passé, peut-être bien sur Cro-Mags, Leeway...

Marcel : No Warning ?

Tous : No Warning !

Marcel : A un concert où ils feraient leur retour !

Ruben : Il y en a tellement, c’est genre... The Wrong Side...

Joel : The Wrong Side, Mental...

Ivan : Mental, Rigtheous Jams...

Ruben : On doit continuer ?

Joel : Tout ces groupes réunis ! Ils aimeraient pas forcément jouer avec nous mais on s’en fout, je prendrais quand même mon pied à jouer avec eux.

Ok...

Ivan : D’accord, on est passé à côté de la réponse (rires)...

Joel : Ok, on garde qu’un groupe... Mais c’est ce que je disais, on ne peut pas tomber d’accord sur un nom !

Tous : No Warning !

Joel : Ok, No Warning, mais pas n’importe quel album...

Oui, il y a beaucoup de discussions par rapport à ça mais personnellement je préfère leur album Ill Blood.

Ruben : Ouais, Ill Blood est excellent.

Sinon, sur votre dernier album, Beyond Measure, il y a une touche d’émotion, comme sur l’intro par exemple. Donc, pourquoi est-ce que vous avez choisi cette direction ? Est-ce que c’est quelque chose que vous vouliez essayer ?

Joel : J’imagine qu’on voulais essayer... Parce qu’on aime Johnny Cash et on utilisait une de ses chansons, il y a un ou deux ans, en guise d’introduction à nos concerts. C’est la chanson « God’s Gonna Cut You Down ». Donc on a essayé d’écrire quelque chose de similaire, avec les bruits de chaines. Et dans la chanson, les chaines se briseraient, pour symboliser la libération. Donc on voulait mettre ça dans l’album, on savaient pas si les gens rentreraient dedans mais bon... On s’est dit «  tentons ça  ».

C’est cool... Quels genres de retours vous avez par rapport à cet album ?

Joel : En ce qui concerne les pré-ventes, enfin les pré-commandes, ça s’est plutôt bien passé. On n’est pas le genre de gros gros groupe, on n’est pas constamment en tournée. Et aux moments des pré-commandes, on avait fait qu’une seule tournée depuis qu’on était chez Facedown. Et on a fait... Combien de pré-commandes on a eu ?

Ivan : Je sais pas...

Joel : C’était plutôt bon en ce qui concerne les pré-commandes ! C’est un bon chiffre... Donc même cela, ça donne un peu une idée des retours.

Ruben : Il y a toujours ces gens qui te disent des trucs par-ci par-là... Ce qu’on nous dit c’est que c’est un album court.

Joel : On a eu des chroniques qui disaient que l’album était bon, qu’il n’y avait pas d’autres groupes chrétiens dans ce style, et qu’il y avait besoin de plus groupes comme ça. Des trucs comme ça... Les gens adorent qu’on aient une telle variété de featurings sur l’album. Il y a des gars du Wu-Tang, Terror, etc. Donc j’ai l’impression que comparé à notre précédent album, on a eu des chroniques excellentes pour Beyond Measure.

Ruben : Le line-up est différent aussi. On a un batteur différent et je pense que ça joue un rôle en partie (rires).

Joel : Bon, on a pas eu de mauvais retours concernant le précédent batteur pour autant ! Mais on en a eu de bons en ce qui concerne l’actuel (rires).

Ruben : Ouai, essayons de rattraper ce que j’ai dit (rires). Notre premier batteur n’était pas dans le hardcore et...

Joel : Il faisait juste son boulot, sans plus.

Ruben : C’est un bon batteur... Tu vois c’que j’veux dire ? Bref, passons à la question suivante...

Personnellement, quand j’ai fais la chronique de Beyond Measure, j’ai écrit que cet album m’avait posé des soucis avec mes parents. J’habite avec eux, et je l’ai écouté trop fort. Donc c’est un bon signe ! (rires) Bref... Est-ce que vous prévoyez de sortir un nouveau disque un jour ?

Ivan : On est déjà en train de parler de cela. On prévoit de faire des pré-productions. On cherche de riffs...

Ruben : On vient juste de rentrer de tournée donc...

Joel : Normalement, la semaine prochaine on commence à écrire notre prochain disque.

Cool.

Joel : On a déjà quatre nouveaux titres donc c’est un bon début.

Marcel : Quatre et demi.

Joel : Quatre et demi ! Donc...

Marcel : J’espère que cet album ne sera pas précipité. C’est ce qui est arrivé avec les deux précédents mais personnellement, je crois qu’on était pas au maximum de notre potentiel.

Joel : C’est vrai.

C’est intéressant...

Ivan : C’est pour ça qu’on va prendre notre temps avec celui. On n’a jamais fait de pré-productions avant, donc on va faire ça cette fois-ci avant même de commencer quoi que ce soit en ce qui concerne l’enregistrement. Et aussi prendre le temps de s’asseoir et travailler ensemble. Parce qu’avant, cela nous est arrivé d’écrire une chanson un jour, ou un jour et demi avant l’enregistrement. (rires)

Vraiment ?

Ruben : On avait signé un contrat qui disait qu’on devait donner l’album fini à un certain moment donné. Ça nous mettait la pression. Et on avait un nombre de titres à donner ! Donc c’était vraiment un album précipité. Pas non plus un album brouillon... Mais comme il a dit, on était pas au top de notre potentiel. On aurait pu plus rentrer dedans, si on avait eu le temps.

Marcel : A chaque fois que je parle de ça, les gens me disent « mec, c’est déjà super ! » mais...

Ivan : Ils n’étaient pas là.

Marcel : Je suis là « ouai j’suis d’accord, je suis content que tu l’aimes mais... » J’ai l’impression que... On a même dû couper une ou deux chansons...

Joel : Deux titres. On a dû couper deux titres parce qu’on manquaient de temps. On avait le budget, et on a même pas pu finir donc ça craint...

Marcel : Et ça craint parce que c’était des chansons complètes. Et si j’avais eu le choix, j’aurais préféré qu’on fasse ces deux titres la plutôt que l’intro et un autre titre lent de l’album.

Joel : Ouais, car elles étaient bonnes.

Marcel : J’ai juste l’impression qu’on s’est trompés ! Qu’on a pas su gérer le temps de la bonne manière...

Ivan : Encore une fois, c’était juste nous qui avions un peu l’impression d’être poussés... Pas d’être poussés, mais on se poussait nous-mêmes pour précipiter quelque chose... Je veux dire, il fallait bien qu’on le fasse... Mais cette fois, on veut vraiment prendre notre temps, on veut vraiment juste donner tout ce que l’on a. Membre par membre, et juste montrer notre réel potentiel.

Cool. J’ai hâte d’écouter ça.

Joel : Géant. On t’enverra des trucs si tu veux, en exclusivité.

Bon, pour l’instant j’ai toujours reçu les albums en avance, car Facedown nous les envoie pour qu’on fasse les chroniques.

Joel : Ah ouasi ?

Ouais, surtout pour le premier album, je me souviens, avant cela j’avais juste entendu un ou deux titres... Parce que quand t’es en Europe, t’entends pas nécessairement parler de tous les groupes californiens. Donc quand Facedown a lancé les pré-commandes pour Truer Living, j’étais super excité à l’écoute des premiers titres qui étaient en ligne. Donc j’ai commencé à compter les jours et un mois avant la sortie de l’album, Facedown nous l’a envoyé. Donc j’étais la « yes ! ». J’étais sans doute un des premiers en France à découvrir l’album. J’ai vraiment apprécié cet album.

Joel : Merci mec.

En parlant de la sortie de Truer Living, à cette époque, vous aviez quelques paires de Nike Dunk customisées à l’effigie du groupe. Donc je me demandais vraiment, comment c’est possible ?

Joel : Ben en fait, t’a un site web qui s’apelle Nike ID. C’est comme ça qu’on a fait...

Ah ok...

Joel : Et Jason nous a donné son feu vert.

Ruben : Il espérait qu’on ait des contacts avec Nike.

Joel : Si seulement (rires). Hey Nike, donne-moi des baskets gratuites !

Ivan : On a un ami qui crée des design de baskets, pas vrai ? En tout cas, j’ai un ami qui crée des design de baskets. (rires)

Donc je me demandais, si vous prévoyiez de faire quelque chose de similaire un jour ?

Joel : Oui. Je voulais faire quelque chose pour le dernier album mais comme on l’a déjà dit, on était dans l’urgence. On en parlait avec Jason et on prévoyait aussi de faire des blousons de base-ball qui iraient dans un tirage au sort des personnes qui ont pré-commandé l’album. Ce n’est pas la faute de Jason, mais... Le studio était à une heure de l’endroit où on habite et c’était dur... Et on n’était jamais tous ensemble dans le studio au même moment.

Marcel : on est aussi plusieurs à s’être mariés récemment et à avoir divers engagements professionnels ou scolaires...

Joel : Ouais, c’était du style, au moment ou j’arrivais au studio, ils partaient... Mais, ce que j’aimerais faire pour la prochaine fois, c’est trois différentes paires de Nike, quitte à mettre de l’argent de ma poche.

Des Dunk aussi ?

Joel : Dunk, Air Max, peut-être...

Tu sais ce que tu devrais faire ? Des Cortez.

Ivan : Il essaye de te dire « Hey, regarde un peu... »

Ouai, exactement ! (rires) En parlant de ça, j’ai entendu dire qu’il y avait un ou deux « sneakerheads » dans le groupe. Une anecdote à ce sujet ?

(rire général)

Joel : Avant, j’étais le genre de gars qui dort devant le magasin juste pour être sûr d’avoir la nouvelle paire qui sort et des trucs comme ça... Ah ! Il y a une histoire marrante ! Tu sais a quel point Ruben voulait une paire de baskets ?

Ruben : Oh mon Dieu...

Joel : Je l’avais jamais vu torse-nu. Je le connais depuis 9 ans. Jamais sans un t-shirt ou autre. A la piscine, chez lui, chez quelqu’un d’autre... Il n’aime pas l’eau ! Et j’avais cette paire de Jordan’s, noire et jaune et... Il les voulait tellement fort que je lui ai dis... Combien elle valaient ? 125$. Et donc j’étais là « je te donne cette paire de chaussure... si tu retire ton t-shirt ». Et il l’a fait. (rires)

Ruben : Je l’ai pas enlevé ! Je l’ai juste soulevé. (rires)

Joel : J’ai regretté, immédiatement. (rires) Ça valait pas le coup.

Marrant... Donc, quelle est votre paire préférée ?

Joel : Moi ? Heu... Voyons voir... Je sais pas, je dirais la Jordan 4... Jordan 4, Jordan 3. J’aime bien la Jordan 2. Mec, c’est dur... Je vais rester sur la 3 ! Jordan 3.

Ok.

Joel : C’est sur un de nos t-shirt, je sais pas si tu l’a vu. Il y a un dessin type « cartoon » et le gars porte des Jordan 3.

Ah ouais, je vois de quoi tu parle...

Ivan : Van’s ! J’aime beaucoup les Van’s, c’est ce que je porte...

Joel : Donc si on va en France, tu dois nous montrer les bons endroits pour choper des baskets.

Ivan : J’ai entendu dire, qu’il y avait des bons trucs là-bas...

Joel : Peut-être à Paris, nan ?

…Oui, il y a des bonnes boutiques, mais au niveau du prix...

Ivan : Ça vaut pas le coup ?

Joel : Ça va nous revenir plus cher, c’est ça ?

Oui, à cause de la distance. Ici en Californie, vous êtes à la source. Mais sinon ouais, on a des sneakerheads bien tarés en France. Vous avez aussi probablement ça aux USA mais... C’est aussi un gros truc, surtout à Paris. Bon, maintenant, je vais lancer quelques noms de groupes et pour chacun d’eux, vous allez me dire ce qui vous passe par la tête. Ça devrait être marrant. Ok, le premier : Suicidal Tendencies.

Ivan : Oh ! Génial, agressif, LA...

Joel : Est-ce que Marcel vient juste de dire « mouai...  » ? (rires)

Ivan : Ce n’est pas un grand fan...

Marcel : Ouais, j’sais pas...

Nick : Skateboard...

Joel : Ma chanson préférée : « War Inside My Head  »

Ivan : Rotting Out...

Joel : Ok ça suffit. (rires)

Ok, le deuxième : No Innocent Victim.

Joel : Je dirais : Jason Dunn. (rires)

Ruben : Quiggle.

Marcel : Ces mecs ont prié pour mon frère et moi, il y a longtemps. Devant le Facedown Fest. C’est dingue parce qu’ils ont prié pour nous il y a de cela des années. Et maintenant, on est là à faire la même chose pour d’autres personnes. C’est dingue.

Joel : J’adore No Innocent Victim. Je dirais juste... Ils sont une brique. Je sais pas si ça a du sens. Une brique pour... le hardcore chrétien. C’est juste ça, ils font partie de l’histoire.

Ok. Trash Talk ?

Joel : Je dirais : bien joué. C’est tout ce que je dirais... Marcel vient de refaire « mouais...  »

Ivan : Le magazine Trasher.

Joel : Honnêtement, je n’écoute pas ce groupe...

Ivan : Tout ce qui me vient à l’esprit maintenant c’est Odd Future.

Joel : On restera sur Odd Future.

Ok. Le dernier... Dangerous Minds (ndlr : side project de Dynasty).

(exclamations générales)

Joel : Le groupe le plus moche de Los Angeles, de tout les temps.

Ivan : Très bon. Espérons qu’ils aillent loin !

Nick : Ils ont besoin de faire plus de concerts.

Joel : Je dirais... visionnaire.

Ivan : Dans ta face.

Joel : Visionnaire, le nouvel album est visionnaire.

Marcel : Alors on a fini l’enregistrement. Mais le gars qui fait le mixage a besoin de temps et on devrait... je sais pas... on devrait sortir ça bientôt.

Ruben : Le premier truc qui me vient à l’esprit est : lecce.

Quoi ?

Joel : Lecce ! C’est hispanique, ça veut dire lait. (rires) C’est un surnom...

Ah ok...

Joel : Visionnaire... (rires)

Alors, il me reste quelques questions. Par rapport à Dynasty. Ça vient d’où d’ailleurs ce nom ?

(rire général)

Joel : Je sais pas... Je crois que notre premier batteur, genre en 2005, il a choisi le nom. Et on était là « ok. » (rires) On n’a jamais donné un sens à cela.

Ouais, ça sonne bien...

Joel : Ouais... Je voulais toujours changer le nom et il arrêtait pas de me répéter « Non, non, non... » Donc j’ai abandonné. Je voulais... C’était quoi déjà ? Devastator. (rires)

Ivan : Mec, c’est trop débile (rires)

Joel : Ça sonne dur.

Ivan : On avait aussi pensé à Rain ou quelque chose comme ça.

Je pense que Dynasty c’est cool parce que ça sonne un peu arrogant, un peu comme votre musique donc c’est cool... Dans un bon sens ! (rires) Un peu comme dans le hip-hop...

Ivan : Ouais.

Joel : Ouais, ça a du sens...

Marcel : Si jamais on fait une équipe d’airsoft, ça s’appellera « Delta Nasty ». (rires)

Est-ce que vous diriez qu’il y a des spécificités aux groupes californiens ? Le son, l’esprit ?

Ivan : C’est très rapide... très agressif... passionné, dur.

Marcel : Le seul mauvais côté avec le fait qu’on a tant de groupes dans le coin, c’est que pas mal de gens se fatiguent des bons groupes. On est trop gâtés. Parce que tu va en tournée, genre dans le Midwest, tout le monde viendra à ton concert. Tu vois ce que je veux dire ?

Oh oui, je ressens ça en venant ici. Avec mes amis, on est tout fous de voir des groupes locaux en concert ici. Mais le public local semble un peu blasé...

Ivan : Ouais, c’est du style, tu as un gros groupe qui joue quelque part, et à côté tu as de très bons groupes locaux qui jouent au même moment, mais tout le monde va aller au premier concert. Ou alors, si tu as de très bons groupes locaux, tu va trouver quelqu’un pour te dire « nan, ce n’est pas vraiment mon truc... » Mais ouais, comme Marcel vient de le dire on a l’opportunité de jouer dans le Midwest et tout le monde était à fond dedans. Tu vois, ils étaient prêts à rouler longtemps pour venir...

Marcel : Et ils ne connaissaient pas vraiment notre musique !

Ivan : Ouais ! Dans le Midwest, tu as des gens qui sont prêts à rouler 2 ou 3 heures, juste pour voir un groupe. Alors que nous on se plaint pour 30 minutes ! (rires)

Ouais... Quand j’étais à Chicago, je portais un de vos t-shirts et un gars a commencé à me dire « Ah ouai, Dynasty, c’est un groupe super, etc.  »

Ivan : Vraiment ? Wow, on est connus à Chicago... Yo, Chicago ! (rires)

Dynasty-bridge

Autre question, d’un point de vue européen, on associerait facilement un groupe de latinos avec des activités criminelles liées à des gangs...

(rires et exclamations générales)

…Ok, donc la question est : avez-vous déjà souffert de ce stigmate ?

Marcel : Dans le Tenessee ! (rires) Quelqu’un nous a dit « Rentrez au Mexique ! » (rires)

Sérieux ?

Marcel : Ouais ! Il nous a dit ça...

Ivan : Et on n’est même pas tous Mexicains...

Marcel : Je ressemble même pas à un Mexicain, je suis Philippin...

Oui, c’est pour ça aussi que j’ai précisé « d’un point de vue européen »...

Nick : Est-ce qu’on est le seul groupe mexicain sur Facedown ?

Ivan : Leaders, ils ont des membres mexicains aussi...

Joel : Mais sinon, on est allés en tournée dans le nord et il y avait ce gars à Seattle qui vient vers nous et qui était là « Wesh, mec » (rires)

Ivan : Ouais ! Il se forçait vraiment ! Mais on n’est pas vraiment dans toute cette culture urbaine...

Marcel : Yo, paye tes sketbas mon frère ! (rires)

Ivan : Ouais, ils se forçaient vraiment...

Joel : Ouais, mais c’était cool en fait, c’était marrant...

Marcel : Pas mal de personnes pensent qu’on est plus ou moins un groupe de hip-hop.

Nick : Mais j’ai l’impression que c’est l’effet « LA ». Dès qu’on arrive et qu’on se présente comme un groupe venant de LA, ça véhicule une image...

Marcel : Ouais, et on en joue un peu aussi !

Ivan : Ouais, avec le t-shirt ! (rires)

Marcel : Oui, celui avec le kid portant le boom box... On joue un peu là-dessus. Mais je pense que tout les groupes de LA font ça.

Ivan : Oui, mais le truc c’est... Parce qu’on est influencés par le hip-hop. Plusieurs d’entre nous écoutent du hip-hop. Donc je veux dire, on aime la culture mais on n’en fait pas vraiment un mode de vie...

Joel : On est pas dans un gang.

Ivan : Oui, on est pas dans un gang. On est pas associés à un gang d’aucune sorte.

Ok. Est-ce que vous écoutez des groupes européens ?

Joel : Des groupes européens, heu... Tu sais ce que c’est mon groupe européen préféré ? No Turning Back.

Vraiment ?

Joel : No Turning Back, c’est le meilleur groupe européen...

Ruben : Ohlala...

Ivan : Ils sont tellement bons !

Joel : Tu sais quel autre groupe j’aime bien ? Justice. J’aime quasiment autant Justice... No Tolerance aussi j’pense...

No Tolerance ? Le groupe de Boston tu veux dire ?

Joel : Ils sont de Boston ? Non, je voulais dire un autre groupe...

Ivan : Il t’a eu, mec ! (rires)

Joel : Ou c’est Paper Trail ? D’ou est-ce qu’ils sont Paper Trail ?

Paper Trail ? Je connais pas...

Joel : Ils sont pas d’Allemagne ? Paper Trail ?

Marcel : Rammstein ? (rires)

Ivan : Je pense qu’il voulait dire More Than Life  !

Ah, More Than Life, ok...

Joel : No Turning Back et Justice !

Marcel : Qu’est-ce que c’était ce groupe de metalcore d’Europe ?

Ivan : Ah ! Heu...

Joel : Caliban !

Marcel : Taliban ! (rires)

Joel : C’est pas un bon groupe en Europe ?

Non, non, c’est juste que personnellement j’aime pas trop ce groupe... Est-ce que Marcel vient juste de dire « Taliban » ? (rires)

Joel : Je sais pas d’où ça vient, mais a une époque on écoutait pas mal ce groupe...

J’imagine que Caliban est un groupe assez « tendance » en Allemagne... Si vous aviez à écouter un groupe européen, je vous conseillerais plutôt d’écouter All For Nothing, des Pays-Bas. Ils sont très bons.

Joel : All For Nothing  ?

Ouai. Ils sont des Pays-Bas et c’est une fille au chant.

Joel : Vraiment ?

Ouais. C’est un de mes groupes préférés...

Joel : Qui d’autre ?

Vous avez aussi Backfire ! des Pays-Bas. Ryker’s d’Allemagne... C’est un groupe des années 90. En ce moment, il y a ce groupe en Allemagne qui devient une valeur sure c’est Wolf Down. Aussi avec une fille au chant.

Marcel : Wow. Mais est-ce qu’il y a pas des préjudices envers les filles dans la scène ? Parce qu’ici le message que certains leur renvoient c’est un peu : « ne mosh pas », « ne... ne viens même pas ici, barre-toi. » (rires) Et si elles vont dans pit, certains trouvent ça bizarre...

Oui, c’est même pire en Europe, j’pense...

Joel : Il y a un groupe européen dont j’arrive pas à me souvenir, ça m’énerve...

Ivan : C’est Born From Pain  ?

Joel : Oh oui, il y a eux aussi...

Oui, c’est un assez gros groupe aussi. Est-ce que vous avez déjà pensé à faire une tournée en Europe ?

Joel : Oui ! On veut carrément aller en Europe.

Ruben : Oui, est-ce que tu peux faire passer le message aux organisateurs de concerts ?

Oui, clairement !

Ivan : J’ai entendu dire que le hardcore était un truc énorme en Europe. Genre, énormément de personnes s’y intéressent...

En Allemagne, ouais... C’est un truc assez gros, ouais... C’est un peu différent. Tu trouveras sans doute facilement beaucoup de personnes pour allez voir les grands noms comme Madball ou Sick Of It All, mais pas forcément autant pour aller à des concerts DIY. Donc c’est un peu différent. Mais la plupart du temps, les groupes américains qui tournent en Europe sont plutôt satisfaits... J’imagine que pour un groupe américain, faire une tournée en Europe c’est le signe qu’ils ont vraiment accompli quelque chose !

Ivan : Ouai, c’est un peu ça ! Espérons qu’on pourra faire ça bientôt.

Ok. Dernière question : est-ce que vous avez des news exclusives pour nos lecteurs ?

Joel :... Je vais avoir un bébé. (rires)

Ivan : Il va être papa !

Excellent !

Joel : Je ne sais pas, j’imagine que l’info exclusive c’est qu’on bosse dur et qu’on va commencer a écrire le nouvel album littéralement la semaine prochaine. On va pas se presser, on essaye juste de... Je sais que tout les groupes disent ça mais on essaye de donner le meilleur de nous-mêmes. Si on n’aime pas un titre, on le coupe. Et on va continuer jusqu’à ce qu’on ait le son qui nous plaise.

Merci les gars, on a hâte d’écouter ça !


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