Stand Together Fest 2013 (19-20 juillet 2013)
publié par le 23 octobre 2013Le compte rendu qui va suivre est une formule "trois en un" puisque vous allez avoir droit à un récit du Stand Together Fest 2013 à Nashville dans le Tennessee mais également du concert "pré-festival" ainsi que celui d’"after" qui a clôturé le week-end.
Et c’est parti pour la deuxième édition du Stand Together Fest, le festival organisé par le label Blood & Ink ! Comme l’année dernière, le festival se déroule à Nashville, dans le Tennessee, un état du sud des Etats-Unis. Nashville est une ville réputée entre autres pour sa musique (principalement le style country), ses églises, ses bars... On dit parfois aussi que cette ville est la capitale de la musique chrétienne. Ce festival ne fait pas mentir cette réputation ! En effet, contrairement à l’année dernière, l’évènement a lieu cette année à The Anchor, une petite église assez rock’n’roll. Le festival est sur deux jours (vendredi et samedi) et rassemble pas mal de groupes, notamment des formations du roster mais également des pointures comme Shai Hulud ou My Children My Bride.
Mais avant cela, tout commence avec la soirée du jeudi soir ! Ce n’est pas officiellement une soirée d’introduction, mais mes collègues et moi-même avons remarqué que Thin Ice (programmé pour le vendredi soir) jouait à Clarksville, avec des groupes locaux, notamment les Gorilla Warfare, dont on a déjà parlé ici. Ni une, ni deux, on trace là-bas (à 40 km de Nashville) pour cette soirée d’échauffement !
Nous arrivons en avance au bar où a lieu le concert. On tombe alors sur le batteur du premier groupe de la soirée : Comanches. On papote un peu et l’homme nous propose de manger une pizza avec le reste de son groupe ainsi que leur bande d’amis. Puisqu’on a le temps avant le concert, on se dit que c’est une bonne manière de découvrir les membres de la scène locale. On rencontre alors les membres du crew local, avec tout ce que ça peut comporter aux USA : des règles, des rangs, des tatouages dédiés (notamment sur le visage), un engagement, l’esprit de bande...
Nous revenons ensuite vers le lieu du concert pour voir ces messieurs à l’œuvre, à la fois derrières les micros mais également dans le pit. C’est donc Comanches qui ouvre le bal.
Le groupe avait failli annuler sa prestation du fait du désistement de dernière minute du bassiste, pour raisons professionnelles. Finalement, un set est improvisé sans bassiste... Enfin presque, puisque c’est la fille du chanteur qui se place à la basse, plus pour le fun qu’autre chose ! Ce que je peux dire sur ce groupe ? Et bien, a Eternel, on fait généralement la différence entre les groupes qui sont chrétiens, et ceux qui ne le sont pas. Mais dans le fin fond du Tennessee, ces repères ne marchent plus vraiment... La foi chrétienne, la bas, c’est culturel. Ça t’imprègne forcément, et cela, dès tout petit. C’est pour ça qu’on retrouve des références religieuses sur les t-shirts, dans les tatouages... Mais pour faire court, je dirais que Comanches n’est pas un groupe chrétien à proprement parler mais "sympathisant". Bref, le label importe peu. Ce qui est sûr, c’est qu’ils nous on servi des compos efficaces et bien agressives. Les riffs étaient incisifs et nous ont permis de commencer à faire le ménage dans le pit. Le set était trop court (autour de 10 minutes) et nous laissa quelque peu sur notre faim. Pas de grandes inquiétudes cependant, deux groupes sont encore à venir.
C’est ensuite Gorilla Warfare qui installe son matériel pour nous jouer un set quasi exclusivement composé de morceaux issus de leur nouvel opus.
Personnellement, j’ai pas été spécialement emballé par ce show. J’ai trouvé le line-up (apparemment nouveau) assez bancal. Le guitariste plaçait pas mal de soli style "heavy metal", pas toujours de bon goût, et le tout manquait cruellement de pèche.
Je suis pas non plus fan des nouvelles compos, beaucoup plus oi ! que le précédent album. L’ensemble des structures est assez basique et il semble vraiment manquer quelque chose. Je n’ai pas non plus été emballé par le discours ultra-patriote et militariste (la ville elle-même accueille une gigantesque base militaire) qui régnait de manière générale dans la soirée, et dont Gorilla Warfare s’est largement fait le porte-parole, notamment entre les chansons. Mais bon, là encore, on est dans le Tennessee, pas en Europe... Malgré tout cela, la faune locale semble prendre du bon temps et donne un bon accueil au groupe local. Le pit, quand à lui, continue d’accueillir de plus en plus de fans d’aérobic.
Le concert se poursuite dans le joie et la bonne humeur avec l’arrivée de Thin Ice aux commandes, la tête d’affiche de cette soirée. C’est alors que la température monte d’un cran et qu’on comprend vite qu’une majorité des personnes présentes se réservait pour le groupe texan. Le style du groupe (hardcore teinté de metal) semble séduire la foule qui anime le pit comme il se doit.
- ThinIce-2013
Ce n’est pas trop mon style mais j’ai trouvé la prestation très efficace. Les breakdowns, bien que poussifs, donnent du style aux compos. Le message quand à lui, est radical. C’est à se demander si le mot "prosélyte" existe aux USA tant parler de Dieu sur scène semble normal à tout ce petit monde-là...
Mention spéciale au guitariste, qui avec sa tête de "nerd", a un look qui détonne un peu avec le reste des personnes présentes. Un vrai rebelle, en somme.
C’est donc satisfait qu’on ressort de cette première soirée, qui nous met l’eau à la bouche pour le week-end, où le meilleur reste à venir.
Le vendredi, on se présente ainsi à la première véritable soirée du Stand Together Fest, à Nashville qui débute à 17h. A l’entrée de l’église, une banderole comportant une citation de St-François, nous accueille.
Reveal Renew était en train de terminer son set quand on est arrivés mais je n’ai pas trop prêté attention à ce qui se jouait sur scène, j’étais plutôt occupé à saluer des personnes. On croise notamment le chanteur de Strengthen What Remains, qui nous promet une reprise de "My Beliefs" de No Innocent Victim, ce qui ne manque pas de nous mettre l’eau à la bouche ! On apprend en revanche que Breakout a annulé sa venue, ainsi que Shai Hulud. D’une programmation pas extraordinaire on passe, du coup, à un festival un peu au rabais. Mais bon, l’ambiance est bonne et le peu de personnes présentes sont motivées et animeront le pit tout le long du festival.
From The Eyes Of Servants passe en deuxième. Je suis déjà pas un grand fan de ce qu’ils font sur disque alors je m’attendais pas vraiment à une révélation. Mais il faut reconnaitre que le groupe fait preuve d’énergie sur scène. Les compos ne sont pas marquantes mais on sent que les musiciens ont quelque-chose à dire. Le groupe insiste sur le côté "spirit-filled" de la formation, ce qui vient donner de l’épaisseur à leur hardcore mélodique.
Et on continue dans le même style avec Conveyer. Un peu plus énergique, le groupe me fait penser à des trucs comme Have Heart ou Miles Away, toute proportion gardée. C’est un peu trop soft pour mes oreilles mais ça reste agréable à regarder.
On passe aux choses sérieuses avec Strengthen What Remains qui a livré, à mon avis, le meilleur show du tout le festival. Le groupe, qui a littéralement des centaines de concerts derrière lui, est carré et sa musique est rentre-dedans, telle une droite bien placée. Le chanteur (qui si il ne réussit pas dans la musique pourrait songer à devenir sosie de Zach Galifianakis) possède un certain charisme et la rage de Strengthen What Remains passe aussi par son jeu de scène.
Entre les morceaux, il rappelle qu’avec son groupe, ils ne sont pas la pour imposer leurs croyances. Sur un ton militant, il exhorte également à combattre le racisme, l’homophobie et le sexisme dans la scène. Rien de bien nouveau, mais c’est toujours bien de le rappeler. Le discours du combo floridien - ainsi que le t-shirt en vente à leur stand où ils comparent le drapeau américain à une sorte de veau d’or - tranche un peu avec ce qu’on a entendu la veille à Clarksville. C’est ensuite l’heure de la fameuse reprise de No Innocent Victim, et bien sûr de leur morceau My Beliefs. Ça doit être le titre que j’ai entendu jouer par le plus grand nombre de groupe. Un véritable hymne. Et pourtant, même après toutes ces années, je ne m’en lasse pas ! Inévitable séance de sing alongs pour la dernière partie du morceau, où les paroles ne laissent place à aucune ambiguïté : "I would die tonight for my beliefs" (Je pourrais mourir, ce soir, pour mes croyances).
Globalement, la foule réagit positivement aux compos courtes et rapides du groupe et le pit se transforme gentiment en champ de bataille.
A notez que le groupe passe en Europe (principalement France et Allemagne) au mois de novembre ! Gardez donc un oeil sur l’agenda du groupe.
Thin Ice nous rejoue ensuite, forcément, le même set que la veille. Mais là encore, même si ce n’est pas mon groupe préféré, je trouve le show plaisant et j’apprécie l’énergie déployée par les musiciens, particulièrement le chanteur et le bassiste.
C’est ensuite au tour de Better Off de monter sur scène. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un groupe local de rock indépendant. Mais même sans compter les aprioris négatifs que je peux avoir sur ce style de musique, j’étais de toute façon trop occupé à me réhydrater dehors... Il faut dire que le climat du Tennessee l’été, associé à une petite séance sportive, ça devient un peu extrême. Étant donné que Shai Hulud a annulé, c’est Better Off qui conclut, un peu mollement il faut bien l’admettre, cette première soirée. On profite ensuite encore un peu de l’endroit pour papoter et acheter quelques disques aux stands.
On revient au même endroit le samedi à 14h pour ne pas louper No Longer Bound. Je n’étais pas convaincu sur disque mais j’ai trouvé la prestation live plus que satisfaisante. Les bonhommes ne réinventent pas le hardcore, c’est sûr, mais leurs compos sont cohérentes et le chanteur se donne à fond. Et puis le groupe est clair sur ses positions, et ça c’est cool. J’ai bien aimé leur côté un peu "though guys" qui les démarquait des autres groupes. J’applaudis également la très bonne idée de reprise avec "Set If Off" de Madball, un classique des années 90 mais qu’on n’entend plus si souvent aujourd’hui. Le morceau est un peu massacré, musicalement parlant, mais l’esprit est là et c’est ça qui compte !
Vient ensuite Bad Advice, un jeune groupe local de hardcore groovy à souhaits. On reste donc dans la ligne défendue par No Longer Bound. J’ai trouvé que ça faisait du bien un groupe un peu arrogant parmi une majorité de groupe mélodiques jouant plutôt sur le registre de l’émotion. Le problème c’est que justement, à côté de l’influence hip-hop, leur hardcore n’a pas grand chose d’autre à proposer. Il manque une petite dose de je ne sais quoi pour vraiment marquer les esprits. Peut être un discours plus engagé ? Des parties plus rapides ? Des changements de rythmes ? En tout cas, le public ne leur en tient pas rigueur et ça ventile sec dans le pit. Assurément un groupe à suivre.
Pour le reste de l’après midi, je ne vais pas pouvoir vous en dire plus car après cela j’ai effectué...une petite sieste dans la voiture sur le parking ! La chaleur et la fatigue ayant eu raison de moi. Je me réveille donc quelques heures plus tard, un peu déçu d’avoir loupé Jawbone et With Increase mais me rattrape avec les têtes d’affiches en soirée, à savoir deux pointures metalcore : Altars et My Children My Bride.
Je n’ai vraiment pas été convaincu par Altars, le groupe de Facedown, mais les lecteurs assidus de ce webzine auront remarqué que ce style de groupe à tendance à vite m’ennuyer. En revanche, j’ai trouvé la prestation de My Children My Bride honnête si on leur pardonne leur côté rock star ainsi que tout les poncifs du metalcore. Mais de voir la foule chanter les paroles et se donner autant pour ce concert de clôture, c’était assez agréable à regarder.
Ce compte-rendu pourrait s’arrêter la si on était pas tombé sur un hardcore kid sur le parking qui nous a parlé d’un concert "after fest" lequel débutait à minuit à un autre endroit de la ville, avec des groupes locaux. L’idée nous a plu, on a rapidement entré l’adresse dans le GPS et hop, direction la salle de concert DIY locale ou l’on retrouve, évidemment, pas mal de monde qui était déjà au festival. La salle ne possède pas de scène mais est suffisamment grande et surtout très bien insonorisée, ce qui explique aussi comment il est possible de faire des concerts à cette heure tardive. Les deux premiers combos qui joueront (Blacksmith et Deafkid) ne me laisseront pas un souvenir impérissable. En revanche, Blistered, un groupe de Floride, a mis le feu à la salle ! Musicalement, j’ai pris une grosse claque. Le set a débuté avec une reprise de Buried Alive, qui donnera le ton. Le reste fut dans la même lignée, à savoir du bon hardcore à la sauce fin des années 90. A la fin du show, on a échangé quelques mots avec le chanteur. A la question "Est-ce que vous êtes un groupe chrétien ?", le verdict est sans appel : "On ne l’est pas... mais on a deux membres du groupe qui jouent aussi dans With Increase qui est un groupe chrétien."
Le week-end s’est terminé sur cet excellent show en guise de conclusion des trois jours de concerts tout aussi intenses que passionnants. Ce que je retiens du festival, et des concerts qui furent organisés en parallèle dans la région, c’est la simplicité avec laquelle se côtoient groupes chrétiens et séculiers. Au pays de la liberté d’expression, chaque opinion a pignon sur rue. Et au moment où je quittais Nashville, je me suis demandé si quelque part, nous en Europe, nous n’aurions pas quelque chose à apprendre de cette spontanéité ?