Markus - Organisateur des Elements of Rock
publié par , le 23 août 2013Nous avons quand même réussi à attraper le grand chef du festival, histoire d’amener un peu de sérieux dans ces interviews !
Salut, tu peux te présenter et nous dire ton rôle dans la création de ce festival ?
Je m’appelle Markus, je suis le boss des Elements of Rock depuis dix ans. J’avais la vision de ce projet depuis plus longtemps, mais l’idée a eu l’occasion de se développer il y a environ onze ans. J’ai décidé que le temps était venu de concrétiser ça, et j’ai posté un message sur un forum pour savoir si des gens étaient partants pour m’aider à monter un petit festival ou quelque chose comme ça. Très vite, des gens se sont manifestés avec la même envie que moi, et on a fondé l’équipe. Je suis le seul qui reste de cette équipe de base, et bien d’autres personnes se sont ajoutées par la suite. On a pris pour modèle le Bobfest de Suède, on a appelé Pastor Bob, qui était tout content de venir en Suisse, on a contacté Jim LaVerde et son groupe de louange aussi, et ça s’est concrétisé rapidement !
Qu’est-ce qui a changé en dix ans ?
Beaucoup de choses ont changé. Le public a changé. Je crois qu’il y avait nettement moins de métalleux au début ! Des enfants qui étaient juste venus jeter un œil ont maintenant une barbe et des cheveux longs ! On voit évoluer certaines personnes à force de les croiser chaque année. Il y en a aussi qui sont venus une fois et qu’on a plus revus. La scène musicale a changé aussi, mais ça c’est assez évident ! Peut être que ce festival a relancé quelque chose. Il y a maintenant beaucoup plus d’endroits ou on peut avoir accès facilement à du metal chrétien. Le mauvais côté de cette évolution, c’est que c’est plus difficile d’attirer le public avec un seul évènement. Mais ça reste une très bonne chose, parce qu’avant il y avait plein de métalleux chrétiens en Suisse, mais ils étaient tout seuls ou alors en petits groupes, tandis que maintenant c’est une grande famille. C’est un changement important.
D’où vient ton intérêt pour le milieu du metal chrétien ?
J’écoutais du metal avant d’être chrétien, et quand je me suis converti j’ai rejoint la scène metal chrétienne. J’ai toujours trouvé que c’était un domaine à développer, vu le nombre de chrétiens qui écoutent du metal. Je me suis toujours senti concerné par le milieu en entier, chrétien ou séculier. C’était la raison principale de commencer à prier pour ça, de lancer un festival qui puisse créer un pont entre le christianisme et le metal. Mais on a toujours fait attention que le festival soit organisé par des métalleux, et pas par des chrétiens qui s’y intéressent ! On a jamais encouragé le fait de prêcher sur scène non plus, parce qu’on préfère que ça soit fait séparément, pour que ceux qui viennent et qui ne sont pas chrétiens ne se sentent pas agressés. Il y a des groupes qui le font quand même, comme par exemple Tourniquet il y a quelques années, mais ça fait partie du concept !
Comment organises-tu le festival ? Est-ce que ça te prend toute l’année de contacter les groupes ?
En général après le festival on fait une pause ! On fait la première réunion pour l’année suivante autour des vacances d’été. À cette réunion, on fait un petit tour général de l’édition à venir, des groupes à appeler et on commence à contacter les gens. Le plus gros du travail pour moi, c’est entre novembre et février, parce que je fais aussi les réservations des hôtels, des avions, etc. Ça représente aussi énormément d’e-mails avec les groupes, d’abord pour les tenants des contrats, pour les vols et des trucs comme ça. Donc c’est vraiment la grosse période pour moi.
Pourquoi avoir situé le festival à Uster ? Vous venez d’ici ?
Personne de la première équipe n’habite Uster. Moi je vis à Bâle, par exemple, et d’autres viennent de Zürich, de Berne, etc. La raison est simplement qu’on cherchait une salle, on a regardé différents endroits, et on s’est décidé pour celui-ci. Et ça s’est révélé concluant, donc on est restés ! Mais on a choisi la ville en fonction du côté pratique, et pas parce qu’on avait un cœur pour Uster ou quelque chose comme ça.
Comment contactez-vous les groupes ? Est-ce qu’ils viennent facilement jusqu’ici ?
Ça dépend vraiment des groupes. Certains sont très accessibles, comme par exemple Whitecross, qui sont des gars géniaux et très humbles malgré leur expérience. Ce n’est pas le cas d’autres dont je tairai le nom, mais qui parfois demandent un cachet cinq fois supérieur à ce que demande Whitecross ! Je ne parle pas de Stryper, pour eux ce serait un peu plus ! Ça dépend de beaucoup de choses, et il y a des groupes qui ont vraiment envie de jouer ici. Par contre, c’est toujours plus facile quand on arrive à contacter les membres du groupe directement, sans passer par un manager. Il arrive qu’il ne parle même pas de notre proposition au groupe ! Et donc on en revient à la simplicité de ceux qui sont accessibles, comme Whitecross, qu’on peut contacter directement !
Et les groupes locaux, comment les repérez-vous ?
Au début on organisait des compétitions sous forme de concerts dans une petite salle qu’on avait, mais qu’on n’a plus, donc on a migré vers les Unblack Emerging Metal Night pour voir les groupes qui valent la peine. On garde toujours un œil sur la scène chrétienne suisse et on choisit qui appeler. Et Samuel fait aussi partie de l’organisation Unblack, ce qui fait qu’il a tout un réseau de groupes en contact.
En dix ans, quel a été le plus gros problème auquel vous avez été confronté ?
Je sais pas si on peut parler de gros problèmes, mais on en a eu des petits, comme des guitares qui n’arrivent pas, des bagages qui se perdent, etc. On a aussi eu des soucis de rixes avec la scène hip-hop du coin, dont certains membres sont venus chercher des noises aux festivaliers la première édition. La police a dû venir, enfin voilà ! On a aussi eu le volcan d’Islande, qui a empêché HB de venir jouer, et on a dû les remplacer en vingt-quatre jours ! Je crois que ça a été le plus gros problème qu’on ait rencontré ! C’est bon de voir le peu d’ennuis qu’on a eus, en définitive ! Bon, une année on a eu de gros problèmes financiers. C’était il y a six ans, quelque chose comme ça. On était pas sûrs de pouvoir continuer, et des gens nous ont fait plein de dons, du coup on a pu poursuivre. C’était assez fort de constater que les gens, même avec des moyens modestes, nous ont partagé ce qu’ils avaient pour que le festival survive.
Quel était le concept de jeudi soir, avec la session jam de Rex Carroll Band et les entrées libres ?
L’idée c’était de faire une petite fête pour l’équipe d’organisation, avec un programme assez simple à mettre en œuvre. Du coup on s’est dit qu’on ne ferait pas de concerts à l’intérieur, mais qu’on restait plutôt autour du bar pour être avec les gens, avoir le temps de discuter, parce que pendant le festival on n’a pas souvent le temps ! Et le fait de laisser les entrées libres allait avec ce concept de fête et de proximité entre tout le monde.
Tu es satisfait de cette édition d’anniversaire ?
Le grand soir c’est ce soir, au niveau du taux de fréquentation aussi. Il y aurait pu y avoir plus de monde, mais c’est comme ça ! Je pourrai t’en dire plus à la fin de la soirée, j’espère que Whitecross va faire venir du monde ! Je ne sais pas, parce qu’ils avaient déjà joué il y a deux ans, donc peut être que les gens les ont vu une fois et que ça leur suffit !
Quel est votre ligne directrice pour les années qui viennent ?
En ce qui me concerne pas grand chose, parce que c’est ma dernière année. Après dix ans, je passe le flambeau ! Je reviendrai, mais je m’occuperai juste de petites tâches. Je laisse le gros de l’organisation à Mike, qui me succède.