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Drottnar (Elements of Rock 2019)

publié par Johnar le 14 avril 2019

Six ans après le premier interview, on retrouve Karl Fredrik Lind pour une petite discussion. Au menu : des changements et des évolutions, mais surtout un nouvel album splendide : Monolith !


Eternel.ch : Comme on a déjà fait l’introduction du groupe la dernière fois, on peut directement parler de tous les changements qui se sont produits entre-deux. Tu commences par le line-up ?
Karl Fredrik Lind : C’était en 2013 que Bengt, notre guitariste, et Sven, le chanteur, ont décidé de quitter le groupe. Sans mélodrame, donc, ils n’étaient simplement plus très inspirés et voulaient se consacrer à d’autres choses. La question s’est posée à ce moment-là si nous-mêmes allions continuer, et comment nous allions le faire. Nous ne voulions pas chercher d’autres membres. Nous étions tous des amis d’enfance, et ça ne nous parlait pas de faire entrer de nouvelles personnes là-dedans, donc on a testé la version à juste trois ! On voulait continuer notre musique, je reprenais le chant, mais nous jugions important d’aller dans une autre direction. Avec la perte de ces deux membres, c’était un nouveau départ pour le groupe, on avait besoin de changements.

Eternel.ch : C’est pour cette raison que vous avez arrêté de porter les uniformes ?
Karl : Oui. On ne se voyait pas continuer à faire ça sans eux. C’était une nouvelle ère. On a abordé cette nouvelle période avec l’esprit ouvert sur d’autres possibilités, et on a essayé pas mal de choses. Finalement on a composé quelques nouveaux morceaux, dans une direction un peu plus lente et plus sombre, et ça nous a plu. On a donc décidé de tenter un nouvel album, et Bengt nous a beaucoup aidé pour l’enregistrement et la partie technique. Mais le live nous manquait vraiment. Aborder la scène à uniquement trois personnes était un peu compliqué, et on imaginait pas tellement n’avoir qu’une seule guitare. Mais d’une façon très cool nous avons trouvé Samuel, notre guitariste live. Après la sortie de l’album, il a posté une vidéo de lui jouant un de nos morceaux, et je l’ai contacté pour lui demander s’il accepterait de jouer pour nous. On ne le voit pas comme membre du groupe à part entière, il ne joue que les concerts. Et ça marche super bien.

Eternel.ch : À la fin du clip vidéo de Funeral of Funerals, ton uniforme est pendu dans une pièce, et toi tu quittes cette pièce. Est-ce que c’était un symbole pour annoncer le retrait de ce qui a été votre marque pendant très longtemps ?
Karl : Oui exactement, on voulait symboliser le fait qu’on avait changé ça et qu’on avait perdu des membres. D’ailleurs c’est très cool que vous ayez remarqué !

Eternel.ch : Après tous ces changements, est-ce que c’est toujours la même personne qui s’occupe de votre communication ?
Karl : Oui, c’est Samuel Durling et Endtime Productions, ça n’a pas changé. On a eu une étroite collaboration pour cet album, et on a eu beaucoup de plaisir à travailler dessus ! Le processus entier était vraiment cool !

Eternel.ch : Que peux-tu dire sur la sortie de Monolith ? Il était prévu en trois parties au début, pour finir en un seul album, comment ça s’est passé ?
Karl : On l’a enregistré d’un coup, donc on avait l’album complet dès le début, mais on ne trouvait pas juste de tout sortir en même temps. Peut-être que certaines personnes l’ont remarqué, mais chaque partie comporte trois morceaux, qui d’une certaine façon vont ensemble. Là aussi on a voulu marquer une différence, en sortant les parties l’une après l’autre. C’est un genre d’album concept. On voulait mettre une emphase sur les trois membres, les trois sorties d’enregistrement, chacune avec trois titres, c’était notre concept. C’était assez naturel de le sortir sous forme de triptyque, et ensuite de tout réunir en un album complet avec le morceau en plus.

Eternel.ch : Comment les nouvelles dispositions ont influencé votre processus créatif ?
Karl : C’est principalement moi qui écris la musique et les paroles. Avant on fonctionnait avec moi qui écrivais une base, on essayait en répétition, et les autres apportaient des modifications. En gros je faisais 80%, et on achevait les derniers 20% en répète. Pour Monolith on a fait à peu près pareil, j’ai peut-être écrit un peu plus. C’était du même style, sauf qu’il manquait deux avis. Mais ça n’a pas vraiment changé le processus.
C’était une bonne chose pour notre créativité, le fait de puiser dans du nouveau matériel était très rafraîchissant ! On était tristes d’avoir perdu des membres, mais en même temps ça a lancé un processus très inspirant, et assez cool ! On était poussés par notre volonté de faire quelque chose de nouveau, et on en a profité. Je pense qu’on en est à un très bon stade maintenant, comme on a dû se poser la question d’arrêter, on a aussi trouvé la motivation pour continuer. Et là on est très contents de ne pas avoir arrêté !

Eternel.ch : Que peux tu dire sur le morceau Eschaton ? On a Jayson Sherlock, Mental Destruction, ça fait pas mal de légendes au même endroit !
Karl : On voulait avoir un titre différent sur l’album, comme on avait fait sur les autres, une sorte de morceau bonus. Sur ce morceau spécial, on se permet d’avoir un son différent, un matériel créatif qui sorte un peu de nos habitudes, d’autres influences, et on aime bien faire ça parce qu’on peut penser un peu autrement, juste pour un titre. Comme on avait joué avec Jayson, on lui a proposé de chanter sur Eschaton, et il était très heureux d’y participer. On a trouvé que ça créait une atmosphère très spéciale, mais en travaillant dessus, on a senti qu’il manquait encore quelque chose. On cherchait à y apporter d’autres éléments, et Samuel Durling et son frère nous ont fait l’honneur d’y mettre la patte de Mental Destruction. C’était exactement ce qui manquait sur le morceau, mais ça bouclait aussi notre histoire avec tous ces gens. Et je trouve qu’en plus, il sonne vraiment cool.

Eternel.ch : Comment votre position sur la scène chrétienne a-t-elle évolué au cours des années, et comment vous définissez-vous par rapport à ça maintenant ?
Karl : Notre groupe existe depuis un bout de temps maintenant. Quand on a commencé j’avais seize ans, et personnellement je voyais les choses très différemment à cette époque. C’était en 1996. À ce moment-là, c’était très important pour nous d’être catalogués comme un groupe chrétien qui faisait du vrai metal chrétien, on prêchait beaucoup, etc. On ne correspond plus à ça maintenant. On est tous chrétiens, mais on n’est plus un groupe militant pour notre foi, et ça ne paraît plus vraiment dans les paroles de nos morceaux. J’écris sur des choses qui ont du sens pour moi, et si d’autres apprécient et se sentent inspirés par mes textes, c’est super ! Par rapport à notre position sur la scène metal, pour beaucoup de gens on reste un groupe chrétien, et ça ne les intéresse pas du tout de nous voir, mais je pense qu’on a beaucoup de nouveaux fans qui nous voient comme nous sommes actuellement, et qui ne prennent pas forcément en compte toute notre histoire.
Les temps ont aussi changé, l’opposition s’est calmée. À l’époque on recevait des lettres avec des menaces de mort. Maintenant c’est vraiment différent, je pense qu’on est vraiment acceptés pour ce qu’on fait. Les gens ne regardent plus les paroles aussi scrupuleusement qu’avant, et y mettent moins d’importance. Et d’ailleurs je ne pense pas que nos textes définissent notre musique. On fait ce qu’on aime, et les paroles sont bien sûr une grande partie de ça, mais ce n’est pas tout.
Même si on est des personnes chrétiennes, je ne nous vois plus comme un groupe chrétien. À l’époque c’était le cas, et je l’aurais clairement dit, mais maintenant on est plutôt des chrétiens qui font de la musique. Ce n’est plus de la première importance.

Eternel.ch : Pour terminer, comment voyez-vous votre futur proche et moins proche ?
Karl : On aime vraiment se balader un peu partout pour jouer, c’est très inspirant, donc on va faire ça un petit moment ! Pas de grosses tournées prévues, parce qu’on a des familles et des obligations, mais ça nous va très bien de partir en concert le week-end ! On se voit de temps en temps pour répéter, et je pense qu’on est gentiment en discussion pour le prochain album... Mais tout ça prend du temps, et on est pas un groupe qui se dépêche pour sortir un enregistrement ! Vous verrez dans quelques années !