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Theocracy - Blast of Eternity 2013

publié par Johnar, Lahminewski le 13 mars 2014

Après un superbe concert qui clôturait une tournée européenne, le fondateur de Theocracy nous a accordé ce qui lui restait de voix après avoir tout donné sur scène. Ou presque.


Salut, je te laisse te présenter toi et ton groupe ?

Je suis Matt, le chanteur de Theocracy. J’ai toujours de la peine à définir quand j’ai créé ce projet, parce qu’il était dans ma tête bien avant quoi que ce soit de concret, donc je dirais que le premier album est sorti en 2003. À ce moment-là, j’étais seul à travailler dessus mais c’était uniquement parce que je vivais en Géorgie et que je ne connaissais aucun musicien susceptible de vouloir faire du metal, ou en tout cas pas du mélodique comme j’aime. Je pensais que ça n’intéressait personne à part moi ! Donc j’ai commencé à écrire des morceaux, et au bout d’un moment j’ai trouvé que j’en avais une bonne collection, et que je pouvais envisager un album. Mais je n’avais toujours pas de musiciens. J’ai fait des démos avec mes morceaux, le label MetalAges Records les a beaucoup aimées, et ces démos sont devenues le premier album. Ensuite de ça, Jonathan Hinds m’a rejoint à la guitare, et Shawn Benson, qui vivait à cinq minutes de chez moi et que je n’avais jamais croisé, a pris la batterie. Ensemble nous avons sorti Mirror of Souls en 2008, à la suite de quoi Val Allen Woods a rejoint le groupe à la guitare solo, et Jared Oldham à la basse. C’est avec cette formation que nous avons enregistré As the World Bleeds en 2011. Et maintenant on est en Allemagne, au Blast of Eternity, c’est environ notre quatrième tournée en Europe, plus une ou deux dates en Suisse et en Finlande ! On est super bien là, c’est super !

Depuis quand es-tu chrétien ?

Depuis mon jeune âge. J’ai été élevé par des parents chrétiens qui allaient à l’église, et ça a très vite fait partie de ma vie. Et du coup c’était important pour moi de mettre ma foi dans ma musique, parce que j’étais assez frustré de la musique chrétienne trouvable. En plus là où je vis il n’y a pas de milieu metal chrétien, et même si je sais maintenant que des groupes existaient déjà je n’avais aucun moyen de les trouver. En plus je n’aimais pas l’idée selon laquelle la musique chrétienne devait se résumer à des copies de moindre qualité de la musique populaire. La qualité et l’intégrité sont des choses très importantes pour moi. Je me disais que quelqu’un devait montrer le chemin dans ce domaine et créer de belles et nouvelles choses, mais je ne connaissais pas de chrétiens qui tendaient vers cet objectif-là.

Que peux-tu dire à propos du nom du groupe ?

Ça m’a pris beaucoup de temps, et je savais que c’est très important de trouver le bon nom. J’ai eu l’idée du groupe et même des premières compositions bien avant d’avoir le nom. Puis j’ai entendu ce mot une fois, et je me suis dit que c’était parfait ! En général, quand les gens entendent le mot théocratie, ils pensent tout de suite au côté gouvernement politique, domination divine, mais le sens que je lui donne est plutôt celui de la théocratie intérieure, le fait de se laisser guider personnellement par la volonté de Dieu. C’est ce côté que je mets en avant dans la chanson Theocracy, d’ailleurs, et je conseille d’en lire les paroles pour cerner ce que j’ai voulu dire. Je trouve ce concept parfait pour notre groupe, il sonne fort et puissant et il va avec notre musique ! J’aime beaucoup la signification.

Comment les autres membres du groupe t’ont-ils rejoint ?

Alors, Shawn, qui habitait pas loin de chez moi était un ami de la femme de mon cousin, donc c’est par la famille qu’on s’est rencontrés, on a jammé ensemble et c’est le meilleur ! Jonathan était un fan qui avait adoré le premier album. Il habite à environ une heure de chez moi, et c’est lui qui m’a contacté, on a répété ensemble et ça a collé. On a eu plusieurs bassistes, dont aucun ne s’est vraiment dédié au groupe et l’a fait sérieusement, mais Jared est un ami que j’ai rencontré au travail, il a apprécié notre matériel et s’est proposé pour un essai, et là aussi ça a bien été ! Pour Val, il faisait déjà partie d’un petit groupe de la région que j’avais vu plusieurs fois, et j’ai vraiment aimé son jeu. Quand son groupe s’est séparé, je lui ai dit que si il voulait jouer avec nous, on n’attendait plus que lui !

Comment écris-tu les textes ?

C’est chaque fois différent. Ça doit toujours signifier quelque chose pour moi, de toute manière, et comme on est un groupe chrétien, c’est important de parler d’éléments qui ont trait à la foi. Donc ça parle autant de combats de tous les jours que du côté historique du christianisme, comme dans Ichthus ou Nailed où le sujet est l’église primitive. Mais il y en a autant qui parlent de problématiques que je traverse, ou un ami qui me parle de quelque chose qui me touche, l’important c’est que ça me concerne.

Composes-tu encore toute la musique ?

Presque toute. Environ 95%. C’est vraiment génial, parce qu’avec Val on a beaucoup travaillé ensemble pour le dernier album, et avec Jon aussi, et je sais que ce sera de plus en plus le cas. Entre les trois, on a eu de belles idées, et c’était vraiment cool. Et même si on a des morceaux très longs parfois, je veux vraiment qu’ils roulent tout seuls et que les transitions soient fluides. J’insiste vraiment sur la cohérence de l’ensemble et le naturel. Je sens que la collaboration avec les deux guitaristes va beaucoup apporter dans le futur du groupe.

Est-ce que tu savais que tu avais ces possibilités vocales ?

Ça m’a pris beaucoup de travail quand même ! Mais j’ai toujours chanté, depuis mon enfance. À l’église, mes parents chantaient dans des chœurs, et à la maison ils écoutaient beaucoup de gospel et de musique très harmonique, donc en quelque sorte j’ai toujours baigné dedans naturellement, et ça m’a fait l’oreille. Mais ça m’a pris du temps pour réussir à chanter aussi haut.

Explique-nous la préparation de ta voix avant un concert.

C’est un truc que j’essaie d’améliorer. J’apprends encore. En gros je bois beaucoup d’eau, j’essaie de me reposer au maximum, de ne pas parler... C’est tellement dur de se reposer en tournée ! La dernière qu’on a faite, trois d’entre nous sommes tombés malades et avons complètement perdu notre voix, moi inclus, ce qui n’est pas très bon ! Pour commencer la tournée, c’est douze heure de vol avec l’air super sec de l’avion, et parfois on joue tout de suite après être arrivés, donc dès le début ça part mal de ce côté-là. Mais j’essaie quand même de faire au mieux !

Quelle sont tes inspirations musicales ?

Ohlà, beaucoup ! Les classiques, bien sûr, comme Metallica, Iron Maiden, Avantasia, qui sont des gens que je connais, Sonata Arctica, et plein d’autres encore, mais ce que je dirais c’est que par-dessus tout, j’aime la mélodie, j’aime la puissance et la vitesse. En tant que compositeur, j’ai l’impression de peindre avec une immense et complète palette de couleurs. J’ai toute la liberté que je veux. Quand j’étais enfant, tout ce que je voulais c’était trouver des groupes chrétiens qui sonnaient comme mes groupes préférés, mais tout ce que j’écoutais dans les milieux chrétiens avaient l’air de mauvaises copies des morceaux populaires de la radio. Quand j’ai démarré Theocracy, c’était simplement dans l’esprit de composer des choses que je voulais entendre en tant que fan !

Comment est la scène power metal chrétienne aux États- Unis ?

Heuu pas bonne. Mais c’est le cas pour toute la scène power, chrétienne ou pas. C’est une très petite niche, et même les groupes les plus connus ne jouent pas dans des grandes salles. Ce n’est pas un problème, on fait cette musique parce qu’on l’aime ! Si j’avais voulu faire de la musique pour devenir riche et célèbre, je n’aurais pas choisi le metal, et encore moins le metal chrétien ! Tant que ça nous plaît et qu’il y a quelques fans qui aiment ça, c’est super !

À part le power, quels sont tes styles de prédilection ?

Là encore, il y en a plein ! Évidemment les styles avec lesquels j’ai grandi, j’aime beaucoup le progressif comme Fates Warning et Dream Theater. Le rock progressif avec Neal Morse, le plus grand compositeur du monde, et aussi du classique, des musiques de films, à peu près tout ce qui comporte des grandes mélodies. C’est ça que je recherche, ce qui me donne la chair de poule.

Que penses-tu du principe courant, que vous pratiquez, de passer des bandes enregistrées pendant les concerts ?

Je n’ai pas de problème particulier avec ça. En effet on l’utilise pour les intros et les parties clavier. Les gens nous demandent parfois pourquoi on n’engage pas de musicien pour prendre le clavier, mais le truc c’est que le clavier ne prend pas énormément de place dans notre musique, pas assez pour avoir un musicien à plein temps. Il s’ennuierait pendant les deux tiers du concert ! Ce que je n’aime pas trop c’est les chœurs enregistrés. Je ne pense pas que ça soit obligé de sonner exactement comme dans l’album. Sur scène il y a une ambiance et une énergie différentes. Mais je ne crois pas que ce soit une mauvaise chose pour autant, seulement si on en abuse.

Si tu devais choisir un morceau pour représenter ton groupe, lequel serait-ce ?

Mirror of Souls
. Je crois que je n’ai jamais écrit un morceau que j’aime autant que celui-là. Même si je les aime tous et que c’est difficile de choisir ! J’aime le drame conceptuel et les histoires. J’étais assez fier de le composer, parce que l’histoire n’est pas compliquée et les significations sont évidentes, mais il est excitant et dramatique. On ne se lasse jamais de le jouer. En plus, on y retrouve tout le panel de jeu du groupe, passant du rapide au lent, du lourd au calme mélodique, des gros riffs à l’orchestration fine, je l’adore. C’est un peu de la triche parce qu’il fait 24 minutes, mais bon ! C’est celui que je garde.

Jouez-vous plus facilement dans des festivals chrétiens ? Y a-t-il une différence ?

C’est un mélange. Pour les festivals en général c’est dans des milieux chrétiens, mais pour des concerts isolés dans des clubs ou autres, on joue avec n’importe qui et c’est un peu égal. Aux États-Unis, les gens ne viennent pas tellement nous voir, ça va un peu mieux maintenant, mais on a très peu de public là-bas. C’est beaucoup mieux ici ! Mais c’est aussi ça qui rend les choses intéressantes, un soir on peut se retrouver dans un petit club devant trente ou quarante personnes, et le lendemain dans un festival comme ici !

Que penses-tu de ce festival ?

C’est la première fois qu’on y vient, et j’adore ! Chaque personne avec qui j’ai parlé était super réceptive, amicale, les organisateurs font bien à manger, ils préviennent tout ce dont on a besoin, c’est juste génial !

Comment prévoyez-vous la suite ?

Probablement un album, j’ai écrit environ sept nouveaux titres et des parties de morceaux. Ça prend toujours un moment, parce que les idées doivent aller ensemble et sembler logiques. Je suis toujours en train d’écrire, de ré-écrire et de ré-écrire encore... Il y a des parties de morceaux qui me restent longtemps avant que je trouve quoi mettre avec. Je peux pas vraiment expliquer ce qui définit l’ensemble, mais je sens quand ça va bien. Donc oui, on continue d’écrire des morceaux. Je ne peux pas encore prévoir quand on rentrera en studio, mais c’est en chemin !

Y avait-il une raison particulière aux chants de Noël ?

C’est toujours marrant ! On fait ça juste pour rigoler, et pour donner quelque chose en plus à nos fans. C’est chouette de prendre le temps de préparer un morceau pour le partager gratuitement avec ceux qui nous soutiennent toute l’année. Maintenant les gens nous en réclament, donc on doit être à la hauteur ! J’avais fait le premier medley de Noël en 2003, en même temps que le premier album, juste parce que je trouvais que la plupart de ces chants de Noël sonnaient cool, et maintenant les fans attendent sur nous pour en sortir chaque année si on a le temps, mais le problème c’est qu’on a utilisé tous les bons chants dans le premier medley ! Du coup on est obligés d’en écrire des bêtes, ou alors on en retrouve des mieux ! Pour cette année, comme ça se rapproche sérieusement, il faudrait qu’on y réfléchisse vite !