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August Burns Red

publié par Séb le 21 avril 2008

A l’occasion de leur passage en Suisse dans le cadre de leur tournée avec Emmure et Misery Signals, nous avons eu un peu de temps pour interviewer deux membres du groupe, Brent, l’un des guitaristes et Dustin, le bassiste.

August Burns Red - Sébastien Gerber

Séb : Première question, classique, quels sont vos sentiments sur le public européen, les différences avec le public américain ?

Brent : Faire une tournée ici, le public est incroyable, très réceptif. On n’était jamais venu ici, c’est notre première fois et on ne savait pas trop à quoi s’attendre, mais tout le monde était très enthousiaste et les concerts ont vraiment été incroyables pour nous. Je pense que le seul inconvénient que l’on ait eu jusqu’à maintenant durant cette tournée, c’est qu’en Europe on ne peut pas prendre de remorque du coup tu roules dans un petit bus. En Amérique on prend un gros bus d’au moins 6m de long qui est chargé à ras-bord de merchandising, de matériel et de bagages alors qu’ici en Europe tu dois tout mettre dans le véhicule avec lequel tu roules. C’est vraiment la grosse différence et l’inconvénient avec le fait que l’on ne peut pas appeler nos familles parce que nos téléphones ne fonctionnent pas ici et que du coup on est obligé de communiquer uniquement par emails. Mais dans l’ensemble, les concerts sont incroyables, tous les concerts ont vraiment été super bien et pour un premier voyage c’est vraiment bien.

Séb : J’ai lu que vous aviez eu des problèmes avec votre van ?

Dustin : On avait un bus à 9 places. On avait des couchettes sur le haut et tout le merchandising et le matériel un peu partout, mais le van a lâché. Du coup on tourne avec un minibus Mercedes et on a dû se répartir avec un autre véhicule. Cette semaine a été assez... pénible. On a partagé notre matériel avec l’autre véhicule et notre chauffeur conduit le minibus. Donc on est 3 avec lui et les 2 autres sont dans l’autre véhicule. C’est comme ça qu’on a fait cette dernière semaine. C’est sûr, ça aurait été plus sympa si on avait eu le van, mais il est foutu.

Séb : A propos de votre dernier album, Messengers, vous avez écrit les paroles tous ensemble, ce qui est assez inhabituel. En règle générale c’est plutôt le chanteur qui s’occupe des textes et le reste du groupe s’occupe de la musique. Comment ça s’est passé de bosser de cette manière ?

Brent : C’était incroyable. Parce qu’il y a toujours d’autres membres du groupe que le chanteur qui ont des choses à dire. Mais Jake (le chanteur) a aussi amené des idées sur la musique, sur divers trucs. Tout le monde dans le groupe avait quelque chose d’important à dire et tout le monde voulait écrire des trucs, donc on a tous posé nos idées et nos pensées sur la table, on a ensuite écrit les paroles et on a choisi celles qui nous paraissaient les meilleures pour l’album puis on a mis tout ça ensemble. Enfin... on n’a pas écrit les textes en commun, on les a écrits séparément et ensuite on les a mis ensemble dans le groupe pour que chaque chanson ait des idées de chacun. Mais c’était clairement fait dans l’idée de bosser ensemble pour obtenir les meilleurs textes possibles sur la meilleure musique possible.

Séb : Et vous pensez que vous allez continuer de bosser de cette manière à l’avenir ?

Dustin : Oui, totalement. Brent a amené des choses, des textes, j’ai écrit, matt a écrit, jake a écrit, nous avons tous écrit des paroles et je pense que ça va continuer de la même manière que l’on a fait Messengers... en contribuant tous.

Séb : Comment vous gérer vos convictions, votre foi, avec le public et quelles sont pour vous les grosses différences à ce propos entre les USA et l’Europe ?

Brent : Il n’y a pas énormément de différences. Peut-être qu’aux Etats-Unis c’est largement connu que nous sommes un groupe chrétien et donc on a pas mal de gens qui nous posent des questions à propos de diverses choses, comme le fait que l’on prie sur scène avant chaque concert alors qu’en Europe j’ai vu pas mal de gens ne pas comprendre ce que l’on faisait. C’est un peu la grosse différence. Je ne crois pas que les gens ici soient vraiment au courant alors qu’aux USA c’est déjà largement le cas.

Séb : J’ai pu lire il y a quelque temps une critique de votre album Messengers où l’auteur disait que la musique était incroyable mais que c’était dommage que vous soyiez chrétiens.

Brent : Je crois que, pour nous, il n’y a pas de musique chrétienne. Ce n’est pas un genre de musique. Je veux dire, si t’es un groupe chrétien tu ne vas pas avoir un son différent d’un groupe séculier. Tu ne sonnes pas différemment. Ce ne sont que tes convictions. Mais pour certaines raisons les gens aiment dire que cela sonne de telle ou telle manière et ce n’est pas vrai. Tous les groupes de metal chrétiens sonnent comme les groupes de metal séculiers. Et c’est marrant parce que les gamins "séculiers" ne voudront pas écouter de groupes chrétiens tandis que les gamins chrétiens ne voudront pas écouter de groupes séculiers à cause des paroles. C’est une route à deux voies et chaque groupe ne veut pas écouter ce que fait l’autre groupe et ça sera toujours comme ça. Il y aura toujours des gens ignorants, qui ne voudront rien savoir... mais bon... c’est comme ça que ça fonctionne, on fait avec.

Séb : A propos de votre musique, vous avez des influences particulières ?

Dustin : On a tous différentes influences. Tu sais on aime tous plein de choses, de la pop au metal. On aime tous As i lay Dying par exemple. JB (l’autre guitariste) aime beaucoup de post-hardcore comme Cult of Luna ou Isis, des trucs du genre et donc on met un peu tout ce que l’on aime.

Séb : Vous avez actuellement, un groupe que vous aimez particulièrement ?

Brent : On a suivi Between the Buried and Me, parce qu’ils font vraiment le même genre de musique que l’on fait depuis longtemps et dans les deux cas nous sommes des groupes qui marchons bien et qui ont tout fait tout seuls sans avoir quelqu’un derrière nous qui nous dise quoi faire. Ils nous ont aussi été d’une grande aide, ils étaient en tête d’affiche de la première grosse tournée que nous avons faite et ce sont des types incroyables, de très bons amis aussi. Et musicalement ils explosent tout le monde, ils peuvent jouer ce qu’ils veulent (ndlr : je confirme, leur dernier album est une tuerie) et ça c’est quelque chose que l’on respecte. Leur manière de faire que tout fonctionne.. c’est vraiment impressionnant.

Séb : August Burns Red, ce nom il vient d’où ?

Brent : En fait on racontait plein d’histoires délirantes aux gens pour leur faire croire n’importe quoi mais en fait on était jeunes. On s’est dit que c’était vraiment facile de créer un nom de groupe et voilà. Notre tout premier concert était un concert de covers (reprises) et on s’est dit qu’il nous fallait un nom, alors on a collé trois mots ensemble. C’est tout. Ensuite on a signé avec un petit label et c’était trop tard pour changer de nom. De plus on voulait vraiment se lancer comme groupe, donc on était coincé avec ce nom, mais apparemment les gens ont trouvé ça accrocheur. C’est assez foireux, mais faut croire que ça reste coincé dans la tête.

August Burns Red - Sébastien Gerber

Séb : A propos de labels, est-ce que vous avez déjà eu l’opportunité de signer avec des maisons comme Victory ou Century Media ou, si vous aviez l’opportunité, est-ce que vous le feriez ?

Brent : En fait, aux USA, Solid State et Tooth & Nail sont de la même taille que Victory ou Century. Ils ne sont pas plus grands. Tooth & Nail a pas mal de gros groupes pop et metal...

Dustin : ... Underoath...

Brent : ...ouais, Underoath... Et du coup, actuellement aux USA, c’est un label plus important que Victory ou Century, à la seule différence qu’ils n’ont pas la même présence mondiale. Solid State travaillait avec Abacus (qui était un sous-label de Century Media qui n’aura pas fait long feu), à qui ils ont vendu les licences de leurs groupes pour la distribution et c’est comme ça que l’on a pu être distribué un peu partout. Mais donc Solid State, aux USA est autant grand que tu peux le devenir dans l’indépendant. La prochaine grosse étape, ce serait des labels comme Capitol, Warner Bros., Epic ou Sony. Mais Solid State, Victory, Trustkill, Ferret, ils ont tous un peu la même taille.

Séb : Ok, parce que ici en Europe, Solid State donne effectivement l’impression d’être un peu moins important que les autres.
Sinon, est-ce que vous êtes déjà en train de travailler sur un nouvel album, vous prévoyez quelque chose
 ?

Dustin : On a écrit quelques trucs que l’on a balancé dans un programme de tablatures que l’on utilise tous, comme cela on peut tous s’envoyer les morceaux. Et pour l’instant on a.. je ne sais pas... 2 chansons dans ce programme et quelques autres trucs. Mais on n’a pas encore joué ces chansons ensemble, parce que l’on n’a pas eu le temps. On tourne depuis un peu plus de 3 mois et on a eu 5 jours de congé... Mais cet été on devrait avoir du temps pour préparer quelques morceaux et on espère pouvoir au moins faire une démo ou quelque chose. On espère vraiment avoir plus de temps cet été pour écrire quelques trucs.

Brent : On espère aussi pouvoir enregistrer en février prochain et essayer d’avoir une sortie à la fin du printemps/début de l’été 2009, donc un nouvel album devrait voir le jour dans environ un an.

Samuel : Après tous ces mois de tournées, de voyage, vous êtes toujours autant enthousiastes à jouer, faire des concerts ?

Brent : Oui, c’est vraiment classe de voyager. On a traversé les USA et le Canada plein de fois, mais venir dans de nouveaux endroits comme l’Europe c’est vraiment excitant. Mais il y a encore beaucoup d’endroits où nous ne sommes pas allé jouer et on prévoit d’aller au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande l’année prochaine et de savoir ça ça nous motive énormément... d’aller dans des endroits que l’on ne connaît pas...

Dustin : On aime ce qu’on fait. Je veux dire, pour rien au monde je n’échangerais ça actuellement. C’est vraiment super enthousiasmant pour moi. J’adore faire des concerts, écrire de la musique, c’est clairement ce que j’aime faire pour le moment, dans cette période de ma vie.

Marcounet : Et vous avez le temps de visiter un peu les endroits où vous allez ?

Dustin : Oh mec... tu sais on a un chauffeur, parce qu’on ne peut pas conduire nous-même et en fait ce chauffeur, qui est tchèque, ne parle pas vraiment anglais. Du coup c’est vraiment difficile de communiquer et on a jamais vraiment de temps à disposition.. mais j’aimerais bien. Aujourd’hui le trajet était vraiment magnifique, je peux te dire, la Suisse c’est vraiment beau.

Brent : ...on disait tout le temps au chauffeur "stop stop stop, on veut prendre des photos".

Séb : Parce que vous êtes partis depuis où aujourd’hui ?

Brent : D’Italie. Long trajet. Et donc on lui disait tout le temps "stop stop stop", mais il ne comprenait rien. Le seul truc qu’il comprenait c’était "MacDonald" et on lui disait "on a faim, on veut manger"..

Dustin : Et il faut savoir que le MacDonald, on n’est pas vraiment amateurs.

Brent : Mais bon, ça a été très sympa, même si il [le chauffeur] n’avait aucune idée de ce qu’il se passait la plupart du temps quand on lui demandait si il pouvait juste s’arrêter... mais il ne comprenait rien.
On était aussi supposé avoir des jours de congé pendant la tournée, mais Avocado [Ndr : l’agence qui a organisé la tournée européenne] a vraiment voulu tout remplir. On était supposé avoir un jour de congé à Londres et un autre en Allemagne et ils ont tout rempli et du coup on a pas eu beaucoup de temps pour tout voir. Mais on revient normalement en octobre/novembre en Europe et on programmera quelques jours de congé pour être un peu plus tranquilles et profiter un peu. Ça devrait être bien.

Séb : Question un peu chiante, mais vous avez des sentiments particuliers face à la politique américaine actuelle ?

Brent : Je pense qu’actuellement, comme le pays fonctionne, beaucoup de gens sont fâchés, à cause de la manière dont il a été dirigé ces dernières années. Et là je ne veux pas parler séparément ou au nom du groupe, mais je ne suis pas d’accord avec ce que le président Bush a fait, il a pris beaucoup de mauvaises décisions. Comme actuellement, au début de l’année, l’économie était vraiment au plus bas et il [Bush] était nulle part pour faire un rapport de la situation. Alors que les gens avaient justement besoin qu’il soit là, il était absent. Et donc maintenant tout le monde attend un président qui va faire des efforts, réfléchir et donner plus de force pour remettre l’Amérique à sa place. On voit avec le dollar qui a encore baissé devant d’autres devises. Les gens en Amérique ont vraiment besoin de quelqu’un qui pourra stabiliser l’économie à nouveau alors que lui [Bush], ce n’est absolument pas le cas. Il n’a jamais été la personne qui devait faire ça... mais c’est juste mon opinion personnelle.

Séb : C’est assez étrange, parce qu’on a vu ces dernières années quelques groupes chrétiens (que nous ne nommerons pas) soutenir clairement la politique du président Bush, la guerre en Irak, ce genre de choses...

Brent : La raison pourquoi les gens l’ont soutenu, en tout cas les chrétiens, c’est qu’il est arrivé en disant "je suis chrétien". Et au lieu de regarder à ses actions, les chrétiens se sont dit "il est chrétien, il prendra les bonnes décisions". L’Amérique est basée sur le fait que la religion n’est pas supposée diriger le pays. Ce sont les bases de la politiques, en tout cas pas les croyances personnelles de quelqu’un. Et pour moi, je préfèrerais voir un juif qui soit un bon président plutôt qu’un chrétien qui mélange tout. Le christianisme... le christianisme, c’est quelque chose de grand et tu peux utiliser tes principes chrétiens pour les bases de ta vie, mais le christianisme n’est pas une méthode pour diriger un pays. Ce sont tes croyances personnelles. La Bible ne doit pas diriger un pays.

August Burns Red - Sébastien Gerber

Interview réalisée par Sébastien Gerber, Samuel Fresard et Marcounet.